Un livre
Thursday, September 15th, 2011Un livre
Un livre, un peuplier,
Un tronc de branches blanches,
Un mot empli de sève,
Un sens près des racines,
Un lecteur dans les feuilles.
15 septembre 2011
Un livre
Un livre, un peuplier,
Un tronc de branches blanches,
Un mot empli de sève,
Un sens près des racines,
Un lecteur dans les feuilles.
15 septembre 2011
Télégramme 2 (retrouvé perdu dans les services postaux du bout du monde)
Courrier bien reçu
Finalement !
Ai dû changer d’adresse
Problèmes de couple
Te réponds sans tarder
Malgré les années
Aujourd’hui, les flâneurs sont mis au pilori
Quand ils s’interrogent sur la folle hystérie
Affichée sur les quais par leurs contemporains :
Des courses effrénées pour monter dans un train
Arrivant un quart d’heure avant celui d’après.
C’est qu’ils doivent tous être à l’heure au Grand Congrès
Sur les spéculations qui rapportent le plus.
Parmi ceux qui courent, on peut voir un Crésus
Et tous ceux qui, usés, finiront sur la paille,
Attendant leur dernier train, leur cou sur les rails.
« Nouvel incident sur les voies », dira l’agent.
À ceux qui claironnent : « Le temps, c’est de l’argent ! »,
Les heureux fainéants quant à eux déraisonnent :
« Le temps gagné n’a que la valeur qu’on lui donne. »
2010
Don Juan de mes deux
Je viens de retrouver un sentiment perdu
– Ou est-ce simplement de la physiologie ? –
En tout cas, quand elle est là, je suis éperdu
Et j’espère écrire de belles élégies.
Mais ça ne dure que l’instant de la conquête :
Une fois consommé, le plaisir disparaît.
Et comme Don Juan remettant ses chaussettes,
Je sais que le reste ne sera que regrets.
Certes, aujourd’hui, je la trouve encor parfaite.
– Sûrement à cause de son refus amer,
Une énigme pour moi, n’avouant mes défaites. –
Si elle accepte enfin, je ne saurais quoi faire !
Puis, je ne fais pas ça pour ne pas être seul :
Je suis si bien avec moi-même et mes douleurs
Que je pourrais déjà dormir dans mon linceul ;
Ça vaudrait toujours mieux que de finir en pleurs.
S’il n’en tenait qu’à moi d’aller revoir mes belles,
Je crierai sur les toits : « Je veux d’autres étreintes,
Je veux tomber ivre de désirs sensuels,
Je veux tous les plaisirs. » Mais il reste LA crainte :
L’usure graduelle en un ennui profond
Des ces choses du cœur galvaudant leur éclat.
Les regards dépités se perdent au plafond
Et les mains ne font plus que se passer les plats.
Loin de moi l’oisif confort des pieds sous la table
Et des sourires devenus automatiques
D’une relation considérée respectable.
Je préfère faire des cadeaux poétiques !
2010
Le dit et le non-dit
Je pousse des soupirs le long des longues nuits
Dans lesquelles j’erre comme un damné depuis
L’explosion totale d’une joie éphémère.
Elle s’est évadée, me laissant mon désert :
Un grand marasme plat où l’ennui s’éternise
Sur des sables mouvants dans lesquels je m’enlise.
Pas d’oasis en vue. Depuis longtemps déjà
Le vent désespérant a effacé ses pas !
La soif implacable m’empêche de bouger
– Et ne pouvant boire, ça va pas s’arranger ! –
Je rêve désormais par hallucinations
– Tout est délirant, même l’imagination –
Malgré ce que j’en dis, j’encaisse mal le coup :
La ligne d’horizon est devenue bien floue.
2010
La peau de l’artiste
Dans chaque poème, le poète se jette
Au cœur de l’arène, les entrailles à l’air,
L’âme à découvert, les sentiments en tempête…
… Mais il ne sait jamais ce qu’il lui faut pour plaire.
L’écrivain est à terre et les passants regardent…
… Puis détournent la tête en s’éloignant penauds.
Au mieux ils l’oublieront, au pire ils cauchemardent.
En tout cas, ils laissent les restes aux corbeaux.
Le rimailleur souffre d’une rare arrogance
Qui n’a fait que grandir depuis l’adolescence :
Il croit encor qu’avec des mots on peut changer
Le monde ou bien les gens. Une erreur de jeunesse :
Qui est assez fou pour répondre à la détresse
Insensée d’un gisant sur le sol allongé ?
2010
Trentaine dépassée, jeunesse retrouvée,
Odyssées plein la tête, à pied ou à dos d’âne.
Je m’en vais, cheveux longs dans le vent, éprouver
Les grands espaces, poussé par la tramontane.
Afrique… Océanie… Amérique… Utopie…
Tout passe sous mes pas : la Terre est vraiment ronde !
Asie… Europe… Puis à nouveau Utopie…
Quand les jambes marchent, l’âme aussi vagabonde !
Je ne sais où dormir à la prochaine étape :
J’abandonne au hasard le choix de l’azimut.
Et si un jour l’envie de séjourner m’attrape,
Je reste où ça me plaît, parfois même en chantant.
Être chez moi est rare : autant prendre mon temps !
Le voyage est long, je n’en connais pas le but.
2010
Écrire un roman ? Un truc qui vend ? Pa, pa, pa !
Je ne peux parler que pour moi, de moi à moi.
– Mais je n’oblige personne à suivre mes pas ! –
Je ne tends qu’une oreille absente à qui me cause :
Je suis ailleurs ! – Lecteurs, vous savez avec qui –
Du coup, je ne comprends rien à vos baragouins,
Je reste de marbre et ne montre aucun émoi.
Mes organes sensoriels tombent en nécrose :
Comment VIVRE LA VIE avec mon moi moisi ?
Bref, pour l’empathie, je n’ai pas les dons requis.
Je ne connais pas assez pour aller plus loin.
C’est ce qui me force à rester en poésie.
2010
Johnny Clegg
Comment résumer un concert de Johnny Clegg ?
C’est vrai quoi ! C’est incroyable ce qu’il nous lègue :
Il y a la danse libérée de ses normes
Sortant le douillet public de son chloroforme ;
L’énergie partout, du batteur exubérant
Au spectateur sautant en rythme au dernier rang.
Anthropologue-chanteur, prodigieux parcours
Lui laissant exprimer, à travers ses discours,
La fierté d’avoir survécu à l’apartheid.
La musique en ces temps sombres fut un remède ;
Elle est désormais une force infatigable
Nous rendant intensément heureux et aimables…
Et puis ces instants fous qu’un tel plaisir déclenche,
Comme cette main qui traîne sur une hanche !
22 octobre 2010
Nous
On ne va pas refaire le monde,
Juste se déplacer en eaux profondes
Pour aller y ramasser la vase
Et la rendre plus belle à coups de phrases.
On ne va pas déranger les anges,
Juste se débrouiller dans cette fange,
En montrer ses aspects les plus beaux
Éclairés aux soleils de nos flambeaux.
On ne va pas devenir amère
Juste parce qu’on connaît des galères
Il n’y a qu’à éviter les fourbes
S’amusant à nous laisser dans la bourbe.
2010