Poèmes de ‘01 – Ontogenèse d’une pupe’

Le calme après la tempête

Friday, August 7th, 2009

Le calme après la tempête

C’est fait, mardi j’ai eu ma crise
Avec son flot habituel
De cris, de haine et de bêtises.
C’est un peu comme un rituel

Qui me soulage quand j’ai mal.
Mal où ? Mal de quoi ? J’en sais rien.
Mais je sais les plaies anormales
Des auto-sanctions d’un vaurien.

Aujourd’hui, bien sûr, ça va mieux.
Mais c’est navrant et ennuyeux
D’avoir à subir ces tempêtes
Pour quelques jours de calme en tête.

Je devrais savoir les nuages
Et m’abriter avant l’orage.
Mais ces temps-ci, les fortes pluies,
Sans prévenir, tombent la nuit.

2001

Solitude

Friday, August 7th, 2009

Solitude

Souffrir la solitude d’une chambre
Plutôt que sortir dehors. Peur honteuse.
Certains croient que c’est le froid de décembre
Qui me retient mais c’est la foule hideuse

Et ses rires discrets à mes dépens,
Ses yeux toujours rivés sur mes défauts.
Je la défie d’un regard menaçant :
Je ne céderai pas à ses assauts.

Pourtant cette situation me blesse
Et finira par me mettre en détresse.
Puis, inutile et inadapté membre

D’une société trop dénaturée,
Triste et penaud, je m’en retournerai
Souffrir la solitude d’une chambre.

1999

Crise

Friday, August 7th, 2009

Crise

Cheveux arrachés, visage défiguré,
Corps convulsé, bras vengeurs d‘un cœur emmuré ;
Je ne me laisse aucun répit : je suis l’Impur
À éliminer. Une erreur de la Nature.

Comble de folie, je me lève pour frapper
De mon front fragile le mur de ma prison ;
Je me marque sur le dos au rouge tison
De mes ongles allant jusqu’au sang pour râper

Ce qui me reste de peau, chair mise en lambeaux.
Le corps souffre et l’esprit en riant se soulage.
Pourtant depuis longtemps maintenant l’âme sage
Ne sait plus pourquoi elle creuse son tombeau.

Fuir dans la rue accompagné par ces blessures,
Vous n’y songez ! Attendre une guérison sûre ;
Dormir jusqu’au matin. Après, ben, on verra.
Demain ça démangera. On regrattera…

2001

Il ne vous est jamais arrivé…

Friday, August 7th, 2009

Il ne vous est jamais arrivé
D’entrer en un lieu et de vous dire :
« Il y a bien trop de monde ici
Et pourtant je me sens encor seul ! » ?

Moi, c’est ce que je ressens, rivé
À ma solitude, sans guérir
De ma timidité, maladie
Que je garderai jusqu’au linceul.

Au milieu des gens qui font la foule,
Je me sens au sein d’un réservoir
De vies à vivre, sans fond, sans fin
Et pourtant si loin, inaccessible.

J’y suis comme un naufragé qui coule,
Un que les Sauvés ne veulent voir
Pour préférer vivre leur destin,
Ne s’intéresser qu’à leur pénible.

2001

Rencontre

Friday, August 7th, 2009

À Stéphanie

Rencontre

Je naviguais la mer tranquille de la vie
Quand soudain vers quinze ans, elle se déchaîna.
À cause d’une fille, mon cœur chavira
Et je fus mis à l’eau sans espoir de survie.
C’est alors que je me noyais que j’aperçus
Le radeau de l’amitié. Je montai dessus.
Et dès lors, je passai de tempête en tempête
Sans avoir jamais réussi à m’échouer
Sur une des nombreuses îles rencontrées.

Puis je te vis et tout s’embrouilla dans ma tête.
Il fallut alors se battre pour approcher
Cette île paradisiaque et la contempler.
Je ne fus pas déçu. Le clapotis de l’eau,
La beauté des visions, la flaveur des essences,
Les caresses du sable soyeux sur ma peau ;
Bref, tout ici sur cette île enivra mes sens.
Remis des émotions, je voulus questionner
La fée de l’île : dois-je rester ou partir
Plus que contre mon gré de ce bonheur inné ?
Oserai-je demander, quitte à devoir fuir ?

2001

L’instrument et le destin

Friday, August 7th, 2009

L’instrument et le destin

Un piano s’encrassait dans le grenier sordide.

En bas, au magasin chic, les vendeurs avides
Refourguent aux clients naïfs des instruments
Bas de gamme à des prix absolument déments.

Tout va pour le mieux pour l’économie marchande :
Les clients comblent leurs inutiles demandes,
Les vendeurs ne s’offusquent pas d’être véreux.

Le piano négligé devenait poussiéreux.

Car peu de musiciens au milieu des clients
– Il vaut mieux former des citoyens travaillant –
Et peu de mélomanes parmi les vendeurs.

Malgré tout, le piano conservait sa splendeur.

Quand, une après-midi au soleil cajoleur,
Une virtuose entre en robe rouge à fleurs.
Elle essaie quelques clinquants claviers insipides.

En haut, le piano s’enfonçait dans le morbide.

La belle dame sait le piano qu’il lui faut
Et ne trouve que des instruments sonnant faux.
Désabusée, l’artiste s’apprête à sortir.

Le piano endurait sans répit son martyr.

Le vendeur, voyant fuir sa proie, est sous le choc
Mais, prévoyant, il connaît l’état de ses stocks.
Il vante à la dame l’oublié du grenier.

Le piano abritait des toiles d’araignée.

Malgré que le grenier sentait le renfermé,
Au premier regard, la connaisseuse est charmée.
Seul le destin sait créer des instants ainsi.

Fasciné, le piano aimé aimait aussi.

Tous deux quittent la prison au silence lourd
Pour remplir l’Univers de leurs notes d’amour.
Avec le concours de ces amoureuses mains,

Le piano connaît toute l’œuvre de Chopin.

Voilà que le rêve devient réalité.
Dans leur salon à l’accueillante intimité,
La pianiste ensorcelée rayonne de joie

Et le piano ressent la caresse des doigts.

2000

Temps et sentiment

Friday, August 7th, 2009

Temps et sentiment

On me dit souvent que le temps
Influence les sentiments.
Mais qu’il fasse beau ou bien gris,
Mon cœur sera toujours aigri.

Les jours ensoleillés d’été,
Mes amis me sortent un peu.
Là, avec et pourtant sans eux,
Je rumine mon anxiété.

Les froides nuits blanchies d’hiver,
Sans sommeil, désespérément
Rêvant à l’Amante m’aimant,
Je me sens seul dans l’Univers.

Les jeunes pousses du printemps
N’y font rien : l’humeur reste sombre
Tapie au fond dans la pénombre.
La vie reprend (sans moi pourtant).

Les feuilles tombantes d’automne
Virevoltent comme au spectacle.
Rassurez-vous, pas de miracle :
Tout en moi reste monotone.

Je n’ai plus d’ongles à ronger :
Il ne reste que des remords
Pareils au cri du Naufragé
Devant les portes de la mort.

1999

Amour et haine

Friday, August 7th, 2009

Amour et haine

Les ténèbres obscures des sombres pensées
S’éclaircissent un peu dans l’aube lumineuse.
L’espoir en quelque sorte après l’abyme affreuse :
C’est que le jour vient toujours à la nuit passée.

C’est un matin de 21 mars ordinaire ;
Partout l’hirondelle siffle l’air du bonheur,
Laissant loin derrière les traces du malheur :
C’est que le printemps vient toujours après l’hiver.

Ne reste plus qu’à sortir de la quarantaine
Dans laquelle les regards de la rue m’ont mis
Et rencontrer la femme qui sera ma mie :
Car c’est que l’Amour vient toujours après la haine.

1997

Le froid de la nuit vient de se lever…

Friday, August 7th, 2009

Le froid de la nuit vient de se lever
Pour enfin laisser place au froid du jour
Et moi je suis toujours là, sans amour,
Cœur gelé par trop d’hivers répétés.

Dehors, le printemps a repris ses droits.
Dans le pré d’à côté, les oiseaux chantent
Alors que dedans des démons me hantent.
Le soleil chauffe et il fait toujours froid.

Mais voilà les longues journées d’été
Quand j’attends patiemment venir la nuit :
Il fait bien trop chaud quand le soleil luit
Pour que sortent mes froides anxiétés.

Pendant l’automne froid, les feuilles tombent
Comme les chagrins sur mon âme en peine.
Dans ma tête que des pensées malsaines.
Les rues se sont vidées, c’est l’hécatombe.

Les croque-morts sortent déjà leurs urnes.
Le nouvel hiver sera leur acmé :
Le froid du jour vient de se transformer
En une mortelle froideur nocturne.

2001

Je suis froid comme la mort…

Friday, August 7th, 2009

Je suis froid comme la mort
Et tous les brasiers

Qui voulaient me réchauffer
En me serrant fort

Se sont retrouvés glacés
Rien qu’à mon contact.

Vingt siècles plus tard, intacts,
Nos corps enlacés,

Par l’archéologue
Retrouvés, seront symboles

D’amour hyperbole
Ayant heureux épilogue.

Quelle grave erreur !
Le vrai message est retors :

La science a eu tort –
Victoire de la froideur.

2000