Poèmes de ‘01 – Ontogenèse d’une pupe’

Les femmes

Monday, March 15th, 2010

Les femmes

Les femmes qui me font rêver ne rêvent pas
De moi. Je ne suis sûrement pas assez beau
Ou drôle et j’ai vraiment rien à dire aux repas.
Puis, malgré mes efforts, je ne suis pas Rimbaud.

Bref, tout l’attirail du parfait inattractif !
Toujours célibataire encor honteux de l’être.
Les années passent avec rien de constructif.
Certains penseront : « Il n’a qu’à devenir prêtre »

Oui mais non ! Moi, je suis accro au Féminin
Et, nonobstant tout le respect qui lui est dû,
Je n’ai aucune attirance pour le divin :
Trop de cérémonies et de sang répandu.

En rêve déjà les femmes sont un délice.
Donc, même si tout devait rester platonique,
Jamais – oh ! non – je ne boirai d’autres calices ;
Toujours – oh ! oui – j’aurai l’ivresse romantique.

À quand l’intimité de corps nus désireux ?
À quand le plaisir hédonique et partagé ?
À quand l’étincelle dans les yeux amoureux ?
À quand tout cela ? Bien avant que d’être âgé !

2001

Métamorphose

Friday, August 7th, 2009

À Émilie, avec toute ma tendresse

Métamorphose

Les quelques secondes d’ivresse à tes côtés
Ont suffi pour que s’éloignent de mon esprit
Les souvenirs des nombreuses longues années
Qui m’ont vu plus que flirter avec la folie.

Je ne sais pas d’où peut te venir cette force
De métamorphoser en homme le débris
Que j’étais. Peut-être as-tu vu que sous l’écorce
Horrible se cachait une sève de vie

Qui ne demandait qu’à vivre.

Voici que s’ouvre devant moi un horizon
Lumineux, loin de la noirceur des ciels d’antan.
Tu as écarté les barreaux de ma prison,
Mur édifié comme un refuge avec le temps.

En ne faisant que m’écouter sans me juger,
Tu as permis à mon imago de sortir
De sa chrysalide et de vivre ses projets.
Voici devant toi un adulte en devenir

Qui ne demande qu’à vivre.

Merci pour le service que tu m’as rendu,
Merci d’avoir répondu à mon sourd appel.
Il me faut désormais laisser battre mes ailes
Pour tenter de récupérer le temps perdu.

Dans le ciel, si tu le veux, volons tout le jour
Jusqu’à ce qu’épuisés nous tombions dans un lit
Afin d’y savourer les douceurs de la nuit.
Allez ! laissons-donc une chance à notre amour

Qui demandera à vivre.

2002

Le crépuscule du soleil noir

Friday, August 7th, 2009

Le crépuscule du soleil noir

Les derniers rayons du soleil noir
S’étiolent à l’horizon, laissant
Derrière eux un ciel resplendissant.
Mon dernier spleen s’en va : au revoir !

Il est bien étrange que le jour
Succède si vite au crépuscule
Mais ici tout brusquement bascule
Quand Mélancolie part faire un tour.

Tout est si, si calme désormais.
Enfin de la joie sur mon visage
Et je peux voir tous les paysages.
Ah ! Qu’elle ne revienne jamais !

2001

Tout est noir, noir…

Friday, August 7th, 2009

Tout est noir, noir,
Noir, noir, noir, noir,
Noir, noir, noir, noir,
Noir, noir, noir, noir, …
Tiens ! un point gris.
Le paradis ?

2001

Tes regards me transpercent l’âme jusqu’au cœur…

Friday, August 7th, 2009

À Hélène

Tes regards me transpercent l’âme jusqu’au cœur
Et viennent y raviver la flamme endormie.
Mais comme tu as déjà un petit ami,
Mon flambeau ne brûlera que mon intérieur.

Comme à chaque incendie, les cendres de mon corps
Se déposent tout au fond de moi, jusqu’au spleen.
Et c’est ainsi que je m’égare dans mes ruines
Jusqu’à ne plus voir la vie rayonner dehors.

En fait, je m’emmure vivant dans mes décombres,
Trop dégoûté de perdre ma raison de vivre
Avant même de lui dire que j’étais ivre
D’elle. C’est que mon soleil éclaire tout sombre.

Et pourtant, quand je suis avec toi, j’ai un peu
L’impression que le noir de ses rayons s’estompe.
Ce n’est que temporaire puisque tu ne peux
Me donner de l’amour avant que tu ne rompes.

2001

Demain

Friday, August 7th, 2009

Demain

Demain, hélas ! est un autre jour
À vivre. Comme hier et aujourd’hui.
Seul, illustre inconnu des faubourgs,
Je déprimerai debout, sans bruit

Au milieu de la foule grouillante.
Je serai là, assis sur le banc,
Les mains dans ma tête malfaisante.
Spectacle navrant pour les passants.

Puis, conscient du trouble occasionné,
Je partirai m’isoler loin d’eux
Sur mon petit tronc dans la forêt.

Ici, je serai enfin d’accord
Pour dire qu’il s’agit du décor
Parfait pour mon suicide. À moins que…

2001

Toujours ces bons poèmes qui commencent…

Friday, August 7th, 2009

Toujours ces bons poèmes qui commencent
Et qui ne finissent jamais.
Des idées dans mon esprit s’ensemencent
Avec quelques vers entamés

Puis la volage inspiration s’en va,
Laissant blanches les pages blanches
Et moi devant les sublimes gravats
De palais rêvés qui calanchent.

Il ne reste que le travail
Seul devant le pupitre à réfléchir
Aux rimes et autres trouvailles
Susceptibles de venir enrichir

Mon pauvre talent naturel
Et la quête du secret conservé :
Amis poètes ménestrels
Comment faites-vous pour les achever ?

2000

Spleen

Friday, August 7th, 2009

Spleen

Spleen horrible, spleen éternel,
Tu reviens donc pour m’agresser
Alors que je t’avais laissé
De l’autre côté du tunnel.

N’as-tu pas vu que j’allais mieux ?
Oust !, va-t-en, laisse-moi tranquille !
Déjà que ce n’est pas facile
De vivre en se trouvant odieux.

Allez, coupe ces barbelés
Que tu m’as mis autour du cœur.
Laisse-moi aimer sans douleurs :
J’en ai trop mal d’être blessé.

Laisse-moi partir loin de toi,
Libre des actions de ma vie.
Tu as déjà bien trop sévi :
Ne me soumets plus à ta loi.

2001

Cicatrice

Friday, August 7th, 2009

Cicatrice

Coucher un malheur sur du papier
Comme on referme une plaie douloureuse.
Écrire un poème qui soulage
Comme une cicatrice bienfaisante.

C’est que le poème est au malheur
Ce que la cicatrice est à la plaie :
La fin de l’inutile souffrance
Et le début du souvenir utile.

Les causes du spleen, désormais futiles,
S’envolent depuis la délivrance.
L’énergie libérée est décuplée
Pour aider les autres en douleur.

Je leur dédie ces lignes apaisantes,
Soucieux d’éviter le dessalage
De leurs âmes dans la mer coléreuse
De trop d’espérances contrariées.

1999

Trop c’est trop

Friday, August 7th, 2009

Trop c’est trop

Je retombe, là, je retombe :
Je ne peux plus me rattraper.
Je suis mal, prêt à éclater
Avec la force d’une bombe

Quand j’exploserai sur le sol.
– Et vous qui marchez d’un pas sûr,
Évitez les éclaboussures
D’un pauvre ange sans auréole –.

Là-haut, on m’a laissé tomber
(J’avais osé renier Dieu,
L’éternel escroc des gens pieux).
Depuis, déchu, ailes coupées,

Je chute aux fins fonds des abîmes
De l’âme. Là, l’espoir est mort
Et tout attend l’ultime effort.
Pourtant, innocent de mes crimes,

J’essayais à chaque occasion
De me raccrocher à la vie.
Mais là, j’ai perdu toute envie :
Il ne reste que l’obsession

D’entendre en bas le coup de gong
Final. L’espoir est vraiment mort ;
Dieu, je te re-renie encore :
Ta vie éternelle est trop longue.

2001