Poèmes de ‘02 – Imago’

Bien sûr les gens sont libres…

Friday, July 31st, 2015

Bien sûr les gens sont libres
De croire qu’à côté
De chaque arbre se trouve
Un bel arbre invisible

Mais de là à tuer
Ou chercher à convaincre
Avec pour argument
Un simple livre obscur

Prêtres imams rabins
Et autres castrateurs
Foutez-nous donc la paix
Et lisez d’autres livres

2015

C’était en été…

Friday, January 16th, 2015

C’était en été
Qu’on aimait chanter
Quelques chants d’hiver
Pour se rafraîchir

Sous l’ombrage vert
On prenait des verres
Sans trop réfléchir
À l’ébriété

Reste à s’enrichir
Sans risquer franchir
Le pas de gaité
À tracas divers

Nous avions rendez-vous sous l’Arche…

Thursday, January 15th, 2015

À l’une d’entre vous

Nous avions rendez-vous sous l’Arche
Tu étais au sommet des marches
Une incarnation du bonheur
S’évaporant à contre-cœur
Ne restait plus qu’à les gravir
Pour s’approcher de tes sourires
Mais tu disparais peu à peu
Car, moi, je suis bien trop peureux
Ou peut-être bien trop heureux
Pour me prendre la tête à deux

Jugement dernier

Saturday, January 10th, 2015

Jugement dernier

Alors : jugera ou jugera pas ?
Clairement : jugera pas !
Qu’en a-t-il à faire que Machin ait poché les yeux de Truc ?
Il crée bien des aveugles à tour de bras !
Que lui importe les tueurs d’enfants ?
Il a bien laissé crever le sien à la fin d’un long supplice
S’il a sauvé Isaac, c’est pour encore mieux fanatiser son père
Il promet aussi un paradis bizarre à qui tue en son nom

Dieu, s’il existe (infime probabilité), sent tout, voit tout, entend tout…
Et par conséquent se fout de tout !

Si vous voulez être moral, il vous faudra d’autres raisons !!!

2014

Cul-de-sac évolutif

Tuesday, December 17th, 2013

Cul-de-sac évolutif

Je suis en radicale opposition
Avec la grande majorité
Des lois biologiques et sociales
De mon temps.

Ça fait de moi
Un parfait inadapté
De l’évolution.

À partir de là,
Ça ne sert à rien d’épiloguer :

C’est soit la révolution des mœurs
Soit l’absence de descendance.

2013

C’est presque ça

Monday, December 16th, 2013

C’est presque ça

Clopin s’échouait sur les touches d’un piano,
S’escrimant à jouer avec ses doigts penauds
Des mélodies aimées indûment massacrées.
– Encore un qui aurait mieux fait d’être discret –

Lamorgue écrivaillait des vers tristement plats
Pour cracher sa bile contre l’ordre établi
Avant de sombrer de sommeil dans son grand lit.
– Encore un flemmardant dans son anonymat –

Vassotton étalait des taches sur ses toiles
À l’aide de pinceaux trempés d’incompétence
Tentant la traduction d’indicibles souffrances.
– Encore un qui ferait mieux de mettre les voiles –

Chrisbophe se perdait à chaque choix à faire
Et, au final, rien ne pouvait le satisfaire :
Il se saoulait lui-même à grands coups de sarcasme.
– Encore un pataugeant dans son boueux marasme –

2013

Un livre

Thursday, September 15th, 2011

Un livre

Un livre, un peuplier,
Un tronc de branches blanches,
Un mot empli de sève,
Un sens près des racines,
Un lecteur dans les feuilles.

15 septembre 2011

Télégramme 2

Monday, February 28th, 2011

Télégramme 2 (retrouvé perdu dans les services postaux du bout du monde)

Courrier bien reçu

Finalement !

Ai dû changer d’adresse
Problèmes de couple

Te réponds sans tarder
Malgré les années

Aujourd’hui, les flâneurs sont mis au pilori…

Monday, January 31st, 2011

Aujourd’hui, les flâneurs sont mis au pilori
Quand ils s’interrogent sur la folle hystérie
Affichée sur les quais par leurs contemporains :
Des courses effrénées pour monter dans un train

Arrivant un quart d’heure avant celui d’après.
C’est qu’ils doivent tous être à l’heure au Grand Congrès
Sur les spéculations qui rapportent le plus.
Parmi ceux qui courent, on peut voir un Crésus

Et tous ceux qui, usés, finiront sur la paille,
Attendant leur dernier train, leur cou sur les rails.
« Nouvel incident sur les voies », dira l’agent.

À ceux qui claironnent : « Le temps, c’est de l’argent ! »,
Les heureux fainéants quant à eux déraisonnent :
« Le temps gagné n’a que la valeur qu’on lui donne. »

2010

Don Juan de mes deux

Saturday, December 11th, 2010

Don Juan de mes deux

Je viens de retrouver un sentiment perdu
– Ou est-ce simplement de la physiologie ? –
En tout cas, quand elle est là, je suis éperdu
Et j’espère écrire de belles élégies.

Mais ça ne dure que l’instant de la conquête :
Une fois consommé, le plaisir disparaît.
Et comme Don Juan remettant ses chaussettes,
Je sais que le reste ne sera que regrets.

Certes, aujourd’hui, je la trouve encor parfaite.
– Sûrement à cause de son refus amer,
Une énigme pour moi, n’avouant mes défaites. –
Si elle accepte enfin, je ne saurais quoi faire !

Puis, je ne fais pas ça pour ne pas être seul :
Je suis si bien avec moi-même et mes douleurs
Que je pourrais déjà dormir dans mon linceul ;
Ça vaudrait toujours mieux que de finir en pleurs.

S’il n’en tenait qu’à moi d’aller revoir mes belles,
Je crierai sur les toits : « Je veux d’autres étreintes,
Je veux tomber ivre de désirs sensuels,
Je veux tous les plaisirs. » Mais il reste LA crainte :

L’usure graduelle en un ennui profond
Des ces choses du cœur galvaudant leur éclat.
Les regards dépités se perdent au plafond
Et les mains ne font plus que se passer les plats.

Loin de moi l’oisif confort des pieds sous la table
Et des sourires devenus automatiques
D’une relation considérée respectable.

Je préfère faire des cadeaux poétiques !

2010