Don Juan de mes deux
Je viens de retrouver un sentiment perdu
– Ou est-ce simplement de la physiologie ? –
En tout cas, quand elle est là, je suis éperdu
Et j’espère écrire de belles élégies.
Mais ça ne dure que l’instant de la conquête :
Une fois consommé, le plaisir disparaît.
Et comme Don Juan remettant ses chaussettes,
Je sais que le reste ne sera que regrets.
Certes, aujourd’hui, je la trouve encor parfaite.
– Sûrement à cause de son refus amer,
Une énigme pour moi, n’avouant mes défaites. –
Si elle accepte enfin, je ne saurais quoi faire !
Puis, je ne fais pas ça pour ne pas être seul :
Je suis si bien avec moi-même et mes douleurs
Que je pourrais déjà dormir dans mon linceul ;
Ça vaudrait toujours mieux que de finir en pleurs.
S’il n’en tenait qu’à moi d’aller revoir mes belles,
Je crierai sur les toits : « Je veux d’autres étreintes,
Je veux tomber ivre de désirs sensuels,
Je veux tous les plaisirs. » Mais il reste LA crainte :
L’usure graduelle en un ennui profond
Des ces choses du cœur galvaudant leur éclat.
Les regards dépités se perdent au plafond
Et les mains ne font plus que se passer les plats.
Loin de moi l’oisif confort des pieds sous la table
Et des sourires devenus automatiques
D’une relation considérée respectable.
Je préfère faire des cadeaux poétiques !
2010