Poèmes publiés en August, 2010

Partie de pêche

Thursday, August 19th, 2010

Partie de pêche

Le soleil perle sur la rosée du matin
La brume persévère au-dessus de l’étang
Les joncs ploient doucement sous la bise du vent
Et je suis bien assis dans mon siège en rotin

Pour ceinturer le coup, j’envoie de-ci, de-là
Mes amorces préparées l’avant-veille au soir
Des graines, de la farine et du jus de poire
Puis je lance ma canne au loin et au-delà

Tranquille, j’apprécie la quiétude des lieux
Brisée un instant par l’indifférent castor
Restaurant avec soin son barrage précieux

C’est l’heure des promeneurs. Voici un garçon
Avec son père voulant savoir si ça mord
J’espère que non : je pêche sans hameçon

2010

Des rêveurs d’utopies le dernier rescapé…

Sunday, August 15th, 2010

Des rêveurs d’utopies le dernier rescapé
Je me savais traqué sans pouvoir m’échapper
Ils avaient tout prévu, condamné les issues
Ils attendaient avec pics, fourches et massues

Prêts à fondre sur moi dès que le jour viendra
En attendant autant m’enrober dans mes draps
Profiter de la nuit avant l’ultime chasse

L’aurore est encor loin et déjà la menace
S’invite à la maison : ils n’ont pu patienter
Ils ont bien trop envie d’enfin me tourmenter

Plutôt que d’attendre qu’ils sonnent l’hallali
J’aurais dû boire la ciguë jusqu’à la lie
Et lentement m’assoupir en un dernier songe
Préférant l’Utopie à leurs réels mensonges

2010

Le Désespéré de Courbet

Saturday, August 14th, 2010

Le Désespéré - Gustave Courbet - 1843-1845

Le Désespéré de Courbet

Les laissés-pour-compte qu’on a abandonnés
Les guerres superflues qu’on avait cautionnées
Pour épuiser nos stocks de fusils invendus
Sans se soucier du sang sur le sol répandu

La Nature outragée les moqueries gratuites
La justice classant les affaires sans suite
Pour les grands de ce monde arrogants et couards
Majestueux dans leurs ridicules costards

Les cris indicibles la terreur ordinaire
Les plaisirs écœurants des bourreaux tortionnaires
Pour s’amuser à voir leurs innocents martyrs
Souffrir à attendre la mort intervenir

La tête dans les mains les yeux exorbités
Le Désespéré de Courbet perd son regard
Dans l’incompréhension de la férocité
De notre société qui l’a rendu hagard

2010