Poèmes publiés en March, 2010

Le violon

Thursday, March 25th, 2010

Le violon

Sur une ligne de métro aérien
On s’envole parfois
On monte à bord d’un violon gitan
On voyage dans le temps

Le jeune couple tzigane
Monte dans la rame, on embarque
Lui tient son instrument à cordes
Elle frappe sur le tambourin

On dirait une excroissance de main
Un virtuose organe
On dirait la joie et l’espoir humains
Mais c’est un drame

Tout s’accorde dans leurs yeux
Le silence craque et s’ouvre sous nos pieds
Un trou noir de liberté qui rend braque
Un chaos dans nos têtes merveilleux

Son violon raconte la fin
Au rythme effréné des stations
Et leur idylle conte un monde
Au tragique refrain.

Mars 2010

L’amitié

Thursday, March 25th, 2010

L’amitié

Le métro entre en gare
J’ouvre la porte sur ton regard
Ta gueule cassée, ton air mutin
Ta chienne planquée sous le strapontin

Tu me parles, je me défile
Le front fendu, la voix amie
Tu parles et je perds le fil
De ton récit enfantin

Le sang séché sur ta trogne
Te fait une drôle de pomme
Qu’on a envie de croquer
Comme le cul d’un ange

Tu me dis « Garde ton argent,
Je veux juste parler aux gens
Surtout quand ils me sourient
Comme tu me souris »

Tu me racontes tes déboires
Comme à une vieille amie
Et tu n’écoutes pas mes questions
Mais tu réponds, à qui ?

À ton ami intérieur, sans doute
Dont je suis le fugace miroir
Qui apparaît ici, où se pose ton regard
Ou là, dans l’oreille qui t’écoute

Station Alésia, tu descends
Tu bifurques vers d’autres départs
Et tu me laisses seule
Parmi tous ces gens.

Mars 2010

Éducation alphabétique

Monday, March 22nd, 2010

Éducation alphabétique

Ah ça non
Ça ne va pas recommencer
À la fin

Beh alors
Bravo, encore une bêtise
À l’école

C’est quand même
Pas possible ça tu n’es plus
Un enfant

Décevant
Sincèrement tu es vraiment
Désolant

Euh, défends
Toi quand même quand on t’attaque,
C’est la vie !

Effarant
D’inactivité. Mon fils est
Un légume !

J’ai deux mots
À te dire entre quatre oreilles
Retiens bien

Ah j’te tiens
Je t’avais pourtant prévenu
Au piquet

Tiens-toi droit
La tête détachée du corps
Comme un I

J’y crois pas
Il voudrait nous faire tourner
En bourrique

Qu’a-t-on fait
Au bon Dieu pour avoir un si
Mauvais fils ?

Elle aura
Bien des regrets celle qui te
Choisira

Aime-toi
Toi-même et le ciel t’aimera
Croix de bois

Ne vas pas
Croire qu’on se moque de toi :
On travaille !

Oh Monsieur
Se prend un peu trop pour un grand
Maintenant

Pétochard
T’as quand même pas peur de ça ?
Sois un homme !

Curieux, non ?
À peine a-t-on le dos tourné
Que t’exultes

Éraflures
Et autres plaies, tu coûtes cher
En bandages

Est-ce que
Tu vas finir par arrêter
Ce vacarme ?

T’es pas fou ?
T’as failli te faire écraser
Inconscient

Une fois,
D’accord ; deux fois, à la rigueur ;
MAIS TROIS FOIS !!!!

Va falloir
Songer à quitter le cocon
Familial

Whisky, gin,
Vodka, pastis : tu vas finir
Alcoolique

Exécrable
Ton attitude est simplement
Détestable

Y’a encore
Du travail, malgré ce qu’on a
Fait pour toi

Zut, zut, zut
Nous on n’en peut franchement plus
Casse-toi !

2010

Votre face

Monday, March 22nd, 2010

Votre face

Pour la puérile pétasse
Qui pensait avoir une touche :
Plutôt mon poing dans votre face
Que votre baiser sur ma bouche.

Pour le trader si efficace
Qu’il met le monde en récession :
Plutôt mon poing dans votre face
Que de soutenir vos actions.

Pour ceux qui ont l’envie vivace
De vivre dans un monde en guerre :
Plutôt mon poing dans votre face
Que de vider vos cartouchières.

Pour les excès de mon fugace
Poème fou d’intolérance :
Plutôt votre poing dans ma face
Que de céder à la violence.

22 mars 2010

Tableau idéal

Thursday, March 18th, 2010

Tableau idéal

Un tableau idéal accroché dans la tête
Révèle ses couleurs par pensées successives.

Une nymphe allongée dans son lit de violettes
Rendait le monde fou par ses poses lascives.

Un diffus sentiment de danger se dégage
Dans la verte forêt où gambadent des daims.
C’est qu’on la sent peuplée de prédateurs sauvages
Attendant l’heure de déguster leur festin.

Sous le ciel plein d’un chaud soleil d’anticyclone,
Dansant d’un élan communicatif, dix-huit
Fées poursuivaient des chemins de jonquilles jaunes
À en perdre sa vue sur les lignes de fuite.

2010

Rupture

Monday, March 15th, 2010

Rupture

Je me suis dit…

Que j’allais sortir
M’arracher à ce marasme
Aller faire le trottoir
Jusqu’à m’user les godasses

Que j’allais bien finir par mourir
Puisque notre amour n’est plus
Et que le sens a perdu

Je me suis dit…

Que j’allais m’arracher les dents
Une à une
Pour tuer le temps
Pour chaque jour où j’ai mal
Comme on achève Sardanapale

Et quatre à quatre
Gravir les marches
De l’escalier descendu
Et faire les comptes
De ce qui ne marche plus

Aimerai-je encore après le meilleur ?
Non.
Ai-je survécu au pire ?
Non plus !

Alors je crève de honte
Je me retrouve nue
Je me pince fort

Mais heureusement têtue
Je dis…

« Notre amour n’est plus
Vive la mort ! »

Montrouge, mars 2010

Les femmes

Monday, March 15th, 2010

Les femmes

Les femmes qui me font rêver ne rêvent pas
De moi. Je ne suis sûrement pas assez beau
Ou drôle et j’ai vraiment rien à dire aux repas.
Puis, malgré mes efforts, je ne suis pas Rimbaud.

Bref, tout l’attirail du parfait inattractif !
Toujours célibataire encor honteux de l’être.
Les années passent avec rien de constructif.
Certains penseront : « Il n’a qu’à devenir prêtre »

Oui mais non ! Moi, je suis accro au Féminin
Et, nonobstant tout le respect qui lui est dû,
Je n’ai aucune attirance pour le divin :
Trop de cérémonies et de sang répandu.

En rêve déjà les femmes sont un délice.
Donc, même si tout devait rester platonique,
Jamais – oh ! non – je ne boirai d’autres calices ;
Toujours – oh ! oui – j’aurai l’ivresse romantique.

À quand l’intimité de corps nus désireux ?
À quand le plaisir hédonique et partagé ?
À quand l’étincelle dans les yeux amoureux ?
À quand tout cela ? Bien avant que d’être âgé !

2001