Les animaux ne l’ont pas
Les animaux ne l’ont pas
Je n’ai pas trente ans
Et je me sens déjà mourir
Je croyais poursuivre la mort, mais en réalité
Je baignais dans l’illusion de l’immortalité.
Vingt-huit ans. Je t’ai rencontré.
Tu as redéfini l’avant
Tu as brandi l’après.
En tuant l’enfant
Tu as généré la globalité
Je n’étais qu’un commencement
Dans tes yeux j’ai pris forme
Tu m’as délimitée.
Je vais mourir
Maintenant je le sais
Il n’y aura plus rien d’innocent jamais.
Les minutes mises à nu
Ont sorti leurs outils
Elles ne se fardent plus d’innocuité.
J’ai peur d’elles
Et plus de peine à vivre
Les jours et les choix sont moins faciles
Quand on sait le déterminant et le limité.
Paradoxe insoluble de l’humaine destinée
Je peux agir sur tout, même sur les conditions de ma propre fin
Je peux la programmer, me l’infliger, voire la repousser
Mais je ne peux pas y échapper.
Peut-être faut-il vouloir mourir avec quelqu’un
Pour prendre conscience de sa propre mort
Darwin aurait donc tort.
Juillet 2008