Le métro
Le métro
Le métro ce matin dégueule en continu
Son flot de parisiens évidemment pressés.
Mais par quoi bon sang ? Nul ne le saura jamais.
J’ai bien quelques idées, moi le doux ingénu.
Le banquier s’affaire à doper son portefeuille
Comme ceux de ses clients au gré de la Bourse.
Bientôt bien au chaud le cul dans son beau fauteuil
Il s’enrichira en détruisant nos ressources.
L’élève en retard court à rattraper le temps,
Le cartable lourd de rêves déjà frustrés.
Il doit être à l’heure dès le jour de rentrée :
Il faut prouver le plus tôt qu’on est un battant.
L’amant chanceux de pouvoir aimer plusieurs femmes
Évite aisément de rencontrer les maris.
Pourquoi vouloir jeter de l’huile sur les flammes
Quand c’est l’Amour qui naturellement varie.
Le chauffard enragé par sa voiture en panne
Peste à tout vent contre les retards cumulés
Ou ces parias ne cessant de le bousculer.
Aujourd’hui, tout contrarie ce mégalomane.
L’ivrogne imbibé par sa nuit passée à boire
Se rue dès l’aube dans ses bistrots préférés.
Saoul, il entendra bien des brèves de comptoir
Qu’il répétera le soir à la voie ferrée.
Le mendiant s’époumone à happer l’attention
De tous ces voyageurs blasés et silencieux.
Dans un sourd inconfort, ils détournent leurs yeux.
Le prochain arrêt relâchera la tension.
2001