La fille du pont perdu (Mirabeau imaginaire)

La fille du pont perdu (Mirabeau imaginaire)

Seule sous la pluie au milieu de la nuit,
Sur un pont, une fille, tristement, pleure.
Passant par là à oublier mes malheurs
De solitaire que tout le monde fuit,

Je m’arrête à ses côtés pour l’écouter.
Sa peine est immense ; ses maux la désolent.
En la raccompagnant, mes mots la consolent.
Sur son seuil, l’heure est aux adieux redoutés.

Surpris d’avoir pu apaiser ses tourments,
J’avais peur, étant moi – éternel mauvais –,
De la renvoyer où je l’avais sauvée.
Il fallait donc bien cesser ce doux moment

Où se sentir utile était une joie.

Deux jours plus tard, je la vois devant chez moi.
Troublé, le cœur palpitant et les joues rouges,
Je sors, regard fixé au sol. Rien ne bouge.
Elle s’approche puis m’avoue son émoi.

Rêvant éveillé, je sens alors sa main
Prenant ma main et moi, ému, bafouillant :
« Je tu… Je… Tu… Tu… Tu veux… Tu veux vraiment ? »
Un baiser en réponse, un bonheur sans fin.

Il n’est plus sur ce pont que nous deux amants.
Dessous, la Seine coule encore et toujours,
Nous nous y dirons, y passant tous les jours :
« Il n’existe donc plus que ces doux moments

Où se sentir aimé procure la joie. »

2000

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